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De larges aplats de couleur, une tendance à l’abstraction et pourtant une dimension figurative, c’est signé Nicolas de Staël ! Sur un fond bleu-nuit semble flotter un bâtiment transfiguré. Le titre est clair : « La cathédrale ».

De loin, les choses semblent claires, elles aussi. Il y a le blanc de la pierre et le noir de la nuit. Autour de l’édifice, un blanc délavé suggère tout autant un éclairage municipal faiblard qu’un voisinage qui s’estompe.

À y regarder de près, le blanc n’est pas si homogène : c’est plutôt un ensemble de blancs aux teintes variées. Une cohorte de couleurs palpite également sous les aplats. Il y a de l’orange, un bleu électrique, un rose délavé. C’est toute une symphonie qui couve au creux de la nuit.

Il y a une vie incroyable, inouïe, cachée sous la grise blancheur des pierres. Les différents blancs des aplats indiquent un rythme auquel répond la vibration des couleurs sous-jacentes. Le visiteur est alors amené à sans cesse s’approcher et prendre du recul pour saisir la vue d’ensemble tout en ne perdant pas les détails. Les deux mètres de hauteur du tableau imposent ce mouvement.

J’entends dans cette œuvre un appel à dépasser les évidences ou à reconnaître la profondeur des choses. Cet appel résonne dans notre quotidien aux visages couverts d’aplats eux-aussi. Nos masques ne suffisent pas à dissimuler la vie qui s’échappe par torrents. Encore faut-il pouvoir regarder.

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Pour contempler ce tableau, rendez-vous au musée des Beaux Arts de Lyon ou alors à cette adresse.

Nicolas de Staël, (Saint-Pétersbourg, 1913 – Antibes, 1955)
La cathédrale, 1954
Huile sur toile
H. 195 ; L. 130 cm
Achat en 1984 avec l’aide du Conseil régional et de l’État dans le cadre du FRAM
Inv. 1984-8
© ADAGP, Paris, 2020
Image © Lyon MBA – Photo Alain Basset