Valider son ticket. Qu’il est long le parcours pour être validé et confirmé dans sa mission ! Le chemin vers la sainteté passe par… l’école, et parfois à même à quarante ans, à l’exemple du fondateur des jésuites, Ignace de Loyola, dont on fête ce 12 mars les 400 ans de canonisation.
Pour imaginer Ignace étudiant, il faut composer le lieu : un Paris de débat et de lumière tamisée, une Sorbonne reine des humanités ‒ un peu à l’anglaise‒ avec sa faculté de théologie et sa myriade de petits collèges, de cloîtres, de bibliothèques… A la Poudlard ?
Ignace n’était pas Harry Potter ; il n’était pas l’Elu, il n’était plus jeune, il n’était pas sportif. Il était vieux, l’Ignace étudiant, déjà vieux, et boiteux. Mais il avait quand même une ou deux cicatrices de l’expérience (pas au front ! sinon peut-être une calvitie qui triomphait sur son crâne…), qui lui donnaient sans doute une longueur d’avance sur ses camarades de classe.
Le long de son chemin de conversion, Ignace avait développé quelques intuitions, avec ses Exercices spirituels ‒ son manuel de Défense contre les forces du mal !‒, qui en avaient fait un homme de grande réputation, une star dont on parlait beaucoup (finalement pas si éloigné de Harry ?!) soit comme une sorte d’HPS ( Haut Potentiel Spirituel, si tant est que cela existe ?! ), soit comme un illuminé, un ébloui, un mystique vaporeux qu’il faut surveiller.
Car on le sait bien : les HP- E (émotionnels) ou I (intellectuels) ont souvent du mal à se fondre dans la masse. HP, c’est aussi l’acronyme d’« Hôpital Psy ». C’est pour cette raison que le passage à la case fac, à quarante balais, était requis : il lui fallait prouver au monde qu’il n’était pas fou, qu’il n’était pas un illuminé, qu’il n’était pas un sorcier.
Pour cela, Ignace a fait le trajet à l’envers : ce que le Seigneur lui avait révélé sur les routes, par les rencontres, et la prière, il lui faudrait le retrouver dans la théologie classique de son époque. Bref, Ignace prenait un risque : lui, qui avait été validé par la street, serait-il validé par la théologie, par ses pairs ? Ignace jouait là sa réputation. Enjeu vital ?
Le jeune jésuite du 21ème siècle ne « joue plus sa vie » dans les études. Ou du moins, il ne la joue plus de la même manière. L’héroïsme revêt la banalité du quotidien, avec son petit sens du drame et un gentil râle : pas toujours facile de reprendre le chemin de l’école à plus de trente ans, après avoir travaillé et validé un début de carrière !
Mais la nécessité de faire ses humanités, de faire sa théologie prend quand même racine dans l’expérience d’Ignace : pour être à l’écoute du monde, pour parler au plus près de la vie des gens, ‒ bref, pour aimer et servir ! ‒ il faut accepter de passer ses intuitions au tamis des études.
Les études sont un tamis, tout le contraire d’une accumulation d’infos ou d’un exposé binaire sur ce qui est bon et ce qui est mauvais, tout l’opposé d’un compendium de « fais pas ci, fais pas ça ». Etudier, ce n’est pas réciter en chœur des articles comme des formules magiques sorties d’un grimoire !
C’est se laisser interpeler par des textes. C’est interroger la Bible et les dogmes avec les questions des autres aussi, des personnes de chair et d’os : celles que l’on côtoie sur le parvis des églises, à la sortie du théâtre, du cinéma… Et enfin, et surtout, c’est rencontrer Jésus-Christ. Il n’est pas un dieu en papier mâché. Il n’est pas un surhomme qui plane au-dessus de la vie de ses contemporains. Mais on découvre peu à peu le mystère de sa personne : sa manière de se laisser affecter, sa manière de partager entièrement la vie des gens qu’il aime.
Ainsi les études ne se comptent plus en volumes ou au poids d’une bibliographie. « D’ici l’été prochain, tout ce que vous aurez lu devra tenir sur un ticket de métro », nous dit-on en début d’année. Puis on nous demande de réfléchir au petit ticket de métro qui nous a permis d’arriver là où on en est. Quels que soient les kilomètres parcourus, une vie se résume à très peu mots ; ce qu’on tient de sagesse, on en fait sept fois soixante-dix-sept fois le tour.
Sur le petit ticket de métro d’Ignace, il y avait écrit : aider les âmes. Basta.
Cédric est Mauricien. Il étudie la théologie à Paris. Guitariste à ses heures, fan inconditionnel de Liverpool et néo-converti à l’OM (à cause d’une mission de deux ans à Marseille). Amateur de cuisine asiatique.
Excellent ! J’aime beaucoup ton ticket! Et le HP-S !
Merci !
Mercis. J,Aime beaucoup ton ticket aux realites actuelles et un parcours De vie a l, essentiel. Dieu omnipresent et SA Gloire qu,on essai d,imaginer mais don’t Les miserables Mots ne maitriseront jamais. Merci a Ignace pour CE chemin Coeur a Coeur pour laisser Dieu SE reveler.
Bonne continuation surtout par Les temps actuels ou le Monde a tant besoin De…. L,essentiel